Qui sommes-nous

Acroporas est un cabinet d’études et de conseil spécialisé dans le domaine des sciences sociales appliquées à la santé. Nous proposons des formations, conseils et études. Acroporas est une entreprise innovante dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive des femmes. Nous créons des outils éducatifs 3D sur les mutilations sexuelles féminines dans une démarche de promotion de la santé.  Nos services s’adressent autant aux professionnels qu’aux institutions.

Staff

Saida Barkat Daoud

Sociologue – fondatrice

Sociologue, Saida Barkat Daoud mène une recherche sur la chirurgie réparatrice des mutilations sexuelles en France et sa circulation en Afrique subsaharienne. Ses travaux portent sur les protocoles de prise en charge, les débats médicaux, la cartographie des savoirs et pratiques d’intervention, les expériences de l’excision, de la sexualité, les discours et stratégies du plaidoyer contre les mutilations sexuelles.

Domaine de recherche :

Sociologie de la médecine et de la santé- Anthropologie sociale – Étude de Genre & Sexualités – Études Post/Décoloniales – Théories féministes décoloniales – Théories féministes transnationales -Epistémologie de l’ignorance – Savoirs situées – Minorités afrodescendantes

Excision – reconstruction du clitoris,  violence de genre – tehnologie de genre – représentations – normes & pratiques professionnelles – savoirs et expériences situées, subjectivité postcoloniale, politique publique. 

Titre thèse :

« Savoirs, Représentations & Pratiques d’intervention sur le Sexe altéré des Femmes Noires (France, XVIIe-XXIe siècle). Le dispositif biopolitique de la chirurgie des mutilations sexuelles : Technologie de genre, Race, Réparation et Soin ». Sous la direction du Directeur d’études Philippe BATAILLE. 

Résumé thèse :

L’altération du sexe des femmes africaines et afropéennes a souvent été appréhendée comme relevant d’institutions culturelles, de conventions ou de normes sociales régissant les rapports sociaux de sexe au sein des groupes la pratiquant. Proposant une interprétation en termes de technologie – le dispositif de la lame comme un ensemble de discours, de pratiques et d’expériences incorporées – cette thèse questionne le déploiement du dispositif de la chirurgie des mutilations en France. Quel est le devenir du sexe altéré des femmes à l’épreuve de la lame ? Quels sont les enjeux attachés au corps, à la sexualité et à la souffrance des femmes excisées que révèle l’intérêt singulier suscité par les mutilations sexuelles dans la société française des époques moderne et contemporaine, période coloniale comprise ? La médecine s’attelle-t-elle à guérir les femmes des mutilations ou à soigner la violence infligée par la lame à leur sexe ?
Pour étayer ce questionnement, le travail envisage la question des mutilations sexuelles féminines (MSF) comme un objet de savoirs (médicaux, anthropologiques, féministes) et d’interventions (mobilisations anti-MSF, santé publique, droit, médias, chirurgie génitale ou psychothérapie du traumatisme). L’enquête se base ainsi sur l’analyse d’un vaste corpus de sources collectées et produites par un travail archivistique, documentaire et ethnographique : archives manuscrites et audio-visuelles, documents administratifs, littérature grise, données produites par observation participante et une série d’entretiens dans le cadre de deux terrains en milieux hospitaliers. Ce faisant, cette enquête généalogique s’inscrit dans une perspective critique intersectionnelle inspirée de l’anthropologie historique, de la sociologie des sciences et des techniques (STS), de l’épistémologie de l’ignorance, des études genre, et des études post- et dé-coloniales. En outre, l’articulation des rapports entre sexualité, corps, violence et technologie de genre est étudiée via l’ethnographie des pratiques médicales observées dans deux protocoles de chirurgie réparatrice. 
L’apparition au début des années 2000 en France de cette innovation technique – la chirurgie réparatrice des MSF ou transposition du clitoris –, constitue le point de départ de l’analyse, laquelle vise deux objectifs. D’une part, elle vise à problématiser l’évidence de l’option chirurgicale, en ce qu’elle naturalise et célèbre le scalpel comme instrument de libération des femmes Noires et excisées. Ce cadrage, hérité d’une imbrication du discours sur les mutilations sexuelles (médecine, anthropologie, plaidoyer menés au nom d’un féminisme universaliste internationaliste), se trouve désormais institutionnalisé dans les politiques de santé publique, dans la reconnaissance d’une condition médicalisée de victime, et dans l’offre et les protocoles de soins remboursés. L’histoire et la cartographie de ce processus sont retracées. La naissance d’une médecine des MSF, en particulier l’invention d’une nouvelle sous-discipline en gynécologie spécialisée dans la transposition du clitoris, est également réinscrite dans une histoire plus longue de la pathologisation du sexe des femmes Noires et autres « déviantes » (tribades, hermaphrodites) qui relèvent de différentes versions de l’anatomie racialisé du sexe du XVIIe siècle à nos jours. 
De l’autre, le parti pris analytique consiste à opérationnaliser le principe de symétrie entre l’excision et la chirurgie du clitoris en les reconsidérant l’un et l’autre sous l’angle de leur technicité, autrement dit en tant que technologies de soi, de genre, et du soin. Une telle perspective rend possible l’analyse des pratiques d’altération du sexe des femmes africaines et afropéennes, des discours afférents et des politiques représentationnelles Pornotropic qui fabrique la marchandisation du Corps Noir Altéré sans pour autant reconduire les oppositions binaires entre barbare/civilisé, intégrité/mutilation, santé/maladie, validité/handicap. Dès lors, cette thèse donne à lire, à partir du point de vue des femmes concernées, la singularité des modes d’existence incorporés de la lame et de la sexualité.